2001, service Alzheimer 10h …
Locaux récents, 12 chambres, réfectoire, cuisine, tout se ferme à clé, sauf les deux portes d’accès du service, celle qui donne sur l’intérieur de la maison de retraite et celle qui donne sur l’extérieur, jardin et parking … des codes pour les ouvrir, on ne peut plus simple à se souvenir, les numéro de départements limitrophes suivi de 123. Les résident ne les connaissent pas, bien sur, nous on ne peut les oublier.

10h05. Retentit l’alarme d’incendie de l’établissement. Exercice, erreur, réel ? Aucun moyen de le savoir, perdu au fond de cette aile du rez de chaussée.
Un ptit coup d’œil rapide aux 3 collègues sorties elles aussi dans le couloir central, aussi dubitatives que moi. Je laisse la résidente dont je m’occupe pour vérifier vite la cuisine à coté que ça ne vienne pas de chez nous. Oui toujours se méfier, les patients Alzheimer aime cuisiner ! Même sans nous !

Rien de rien, nous retournons à nos occupations, chacune dans nos chambres respectives. Toilettes, douche, habillage, maquillage pour les plus coquettes.

10h15. L’alarme cesse enfin, oufff il était temps, non seulement ce bruit strident est casse pied, mais ça commençait par affoler ma petite dame à la base si calme.

10h16. Téléphone du service, un petit sprint pour y répondre. Allo ? Melle AS, c’est l’accueil, est-ce normal que Madame X soit assise près de moi ?

10h16 et 30 secondes, téléphone non raccroché, pendouillant au bout de son fil au milieu du service, me v’là en train de rameuter les collègues : ils sont tous sortis ! Et oui, nous aurons appris une bonne chose ce jour la : L’alarme incendie déclenche l’ouverture automatique des portes sans plus aucune utilité des codes. C’est beau la technologie !

7 résidents sur 12 ont compris l’astuce, seuls 2 ont filés dans l’établissement, les autres ont bien entendu filés dans les jardins.
Me voila en jolie tenue blanche et rose et mes sabots à troutrous à courir après tous mes fugueurs sous une pluie battante …

Contre toute attente aucun ne sera allé bien loin durant ces 10 minutes sans surveillance et celle qu’on retrouvera le plus loin, levait déjà le pouce au bord de la route pour quiconque voudrait bien la ramener allées des cerisiers. Cette chère madame présidente, je vous raconterai son histoire un jour … une imagination débordante battant de loin ses souvenirs fuyants. 

Chaque alarme retentissant maintenant dans l’établissement nous ramène en mémoire ce jour qui aurait pu finir bien plus mal et deux d’entre nous arrêtent immédiatement leurs activités pour garder soigneusement les portes non sécurisées.